vendredi 2 septembre 2016

L'Arabie saoudite et le 11 septembre

Cet été, l'administration US a déclassifié partiellement 28 pages d'un rapport du Rapport sur le 11 Septembre de 2001 de la Commission du Renseignement du Congrès, qui passe au crible le rôle de l'Arabie Saoudite dans les attentats du 11 septembre.



Sans être complotiste, on imaginait bien qu'il devait y avoir une part d'ombre autour du 11 septembre. La pression autour du rôle de l'Arabie saoudite montait depuis quelques temps, Washington ayant même rendu public pour la première fois en 2016 le montant de la dette US détenue par Riyad. Elle serait de "seulement" 117 milliards de dollars, donc bien inférieure aux spéculations. Rien ne s'opposait donc plus côté US à un déclassement redouté par Riyad. De quoi, en tout cas, imposer à la rédaction de Delanews la reprise de son sacerdoce qu'est sa mission d'information, après plus d'un an de bulle au soleil. Et tout ça pour quoi? Seulement pour tes beaux yeux, lecteur !!

Mais, Delanews, on s'en foutrait pas un peu de ce rapport?

Ben non, justement. D'abord, lecteur, tu peux le télécharger ici, merci Olivier Berruyer. Mais si t'as la flemme de te taper la prose des parlementaires US, Delanews a travaillé pour toi. On y apprend des trucs intéressants sur le financement des attentats et sur le rôle trouble joué dans cette affaire par des Saoudiens, dont "deux au mois étaient réputés appartenir aux services secrets saoudiens"

Mince alors, pourquoi ça ne fait pas les gros titres?

Tu soulèves la une interrogation à laquelle le document déclassifié ne répond pas, lecteur. En tout cas, la presse en a parlé. Le rapport étant prudemment rédigé au conditionnel, certains journalistes ont décidé que c'était un la preuve de la non implication de Riyad dans les attentats. Ce que met en évidence l'article de les-crises.fr.

Bon, mais c'est de la balle ou pas, ce rapport?

Ah, lecteur, tu connais notre amour de la news authentique, de la révélation, du scoop, devenu rare en ces années de plomb. Or l'honnêteté journalistique nous pousse écrire que oui, pour nous, c'est de la balle. Juges en par toi même.

On est impatients !!

Petits complotistes que vous êtes. Le rapport détaille prudemment et au conditionnel trois grands axes, que nous tentons ici de traduire ici au plus près du texte :

  • Des pirates de l’air du 11 septembre étaient en contact et recevaient de l’aide de personnes qui « pourraient être » en relation avec le gouvernement saoudien.
  • En possession de cette information, le FBI et la CIA « n’ont pas tenter d’enquêter sur ce sujet ni même essayé d’en mesurer la portée ».
  • Le FBI et la CIA n’ont commencé à enquêter sur les activités de Riyad qu’après le 11 septembre, ce qui est considéré comme « une grosse faille dans la politique de renseignement US » par les auteurs du rapport.
Bon ben oui, mais avec du conditionnel comme ça, on comprend pourquoi la presse US et notre Monde national en on fait un non événement.

Sauf que le rapport est extrêmement précis. Il s'intéresse notamment aux activité de deux types pour le moins louches et fortement suspectés d'appartenir aux services secrets saoudiens. Et ce n'est pas nous qui le disons, mais le FBI... On y détaille d'abord les agissements d'Omar Al-Bayouni, un personnage trouble ancien spécialiste de l’aviation civile établi à San Diego, recommandé par l’ambassade saoudienne aux EU et rémunéré par le ministère de la Défense saoudien. Un monsieur sympathique et dévoué, qui n'hésite pas - selon le rapport - à apporter son aide à certains pirates. Il travaille en étroite relation avec son ami Osama Basnan, dont la femme reçoit un salaire d’une princesse saoudienne qui n'est autre que la femme du Prince Bandar, qui passe pour l'artisan occulte de la création de l'Etat Islamique. Or ce Bassan est lui même en contact avec des personnes également liées avec les pirates de l’air. En outre, il occupe un appartement en face de celui de deux pirates de l’air. L’un de ses amis pilote de ligne a reconnu avoir participé à la formation de deux pirates de l’air.


Waow!! on dirait un film.

Sauf que dans la vraie vie, y'a pas de Bruce Willis. L'ensemble des faits rapportés, même si ils sont au conditionnel, proviennent de rapports officiels, pas de sites conspirationistes. Le document s’intéresse ensuite aux financements massifs de plusieurs millions de dollars reçus à l’époque par Oussama Bin Laden, en arguant que ceux ci transitent parfois par des fondations liées au régime de Riyad, comme la Fondation Islamique al-Haramain.

Ben c'est gratiné ça! Mais au final, y'a des conséquences?

Oui et non. On notera au passage la candeur époustouflante d’un représentant anonyme de la CIA ou du FBI, témoignant devant le Congrès sur le financement de certains pirates par des institutions proches du régime saoudien, qui déclare en toute ingénuité : « est ce que les gens qui effectuent de tels versements savent a quoi est utilisé l’argent par la suite? »

N'empêche, il est certain que Riyad ne voulait pas voir ces pages se balader sur le Net. Or elles y sont, preuve d'un renversement d'alliance évident entre Washington et Riyad, au profit de l'Iran.


Et vous, à Delanews, vous n'avez pas peur?

Peur de quoi? D'être enlevés et détenus dans une cave par la branche d'Aubervilliers de Daesh? Peut être, oui, mais finalement nous ici, on n'a pas d'avions ni d'armes à vendre aux Saoudiens, donc on y va à fond. Enfin, il y a beaucoup plus dans le document déclassifié, dont nous ne donnons ici qu'un avant goût.

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