vendredi 11 mars 2022

Un petit détail sur l'origine du Covid

Selon une étude publiée dans la revue Frontiers in Virology, la protéine Spike du Sars-Cov2 contient une séquence de 19 acides aminés 100% identique à celle figurant dans un brevet déposé par le labo Moderna en 2016. Un fait suffisamment rare selon les auteurs de l'étude pour pouvoir affirmer que le Sars-Cov2 a été ingéniéré avec des techniques de "gain of function". Mais une preuve inopérante pour d'autres scientifiques qui invoquent le hasard de l'évolution.



Delanews, voici des mois que vous n'avez rien écrit et vous arrivez avec du réchauffé qui date de février 2021. Vous avez perdu ma main?

Certes, lecteur, l'étude en question date bien de près d'un an mais ses résultats sont passés à la trappe dans la plupart des médias français. Ce qui nous pousse à la reprendre c'est que récemment d'autres études issues de généticiens chinois tendraient à prouver de façon éclatante l'origine naturelle du Covid. En ces années de plomb, il semble utile de rappeler certains détails qui mettent à mal ces certitudes.

Bon OK. Et elle dit quoi exactement cette étude?

Presque tout est dans le chapeau, lecteur, mais nous allons reprendre. Pour les tenants de l'origine naturel, le Sars-Cov2 proviendrait d'une mutation d'un virus de chauve-souris (par ailleurs et de façon fortuite étudié à Wuhan), le RaTG213, avec lequel il partage 96% de son code génétique. Une similitude hélas insuffisante pour prouver sans équivoque la théorie de l'origine naturelle. A ce sujet, voir nos articles précédents.

Ah bon et pourquoi? Ça semble proche, quand même.

Exact lecteur, c'est disons "assez" proche. Mais pas assez. Pour commencer, l'une des grandes différences entre les coronavirus de chauve souris proche du Sars-Cov2 est qu'aucun virus naturel connu ne possède la capacité d'infecter des cellules humaines efficacement. Il leur manque une partie de code génétique appelée "site de clivage de la furine" pour parvenir à cette fin. Ensuite, bien que proche du Sars-Cov2, le RaTG13 nécessiterait selon de nombreux scientifiques, plusieurs dizaines d'années d'évolution pour en emprunter 100% du génome.

D'accord, et l'étude, dans tout ça?

On y arrive. En faisant tourner des logiciels afin de comparer le génome du Sars-Cov2 à des choses connues dans la base données NCBI Blast, une équipe internationale découvre avec stupéfaction que l'un des composants du fameux "site de clivage de la furine" qui permet au virus de passer la membrane cellulaire pour infecter les humains, est absolument identique à une séquence brevetée en 2017 par Moderna. Le labo, qui travaillait à l'époque sur un traitement ARNm du cancer, a effectivement déposé un brevet pour l'enchaînement de ces 19 nucléotides en 2016 et finalement enregistré le 7 mars 2017 au bureau américain des patent sous le numéro US 9587003 B2 au nom de Stéphane Bancel, PDG de Moderna. Soit plus de deux ans avant l'apparition de la pandémie.

Ah! Et ils en disent quoi Moderna?


Si en France les médias ne sont pas très curieux concernant l'origine du Covid, tel n'est pas le cas des médias US. On retrouve ici une interview de Staéphane Bancel, interrogée par l'anchorwoman spécialisée en économie de Fox News Maria Bartimoro. Dans cette séquence plutôt décontractée, le PDG de Moderna n'exclue pas que le Sars Cov2 puisse avoir été ingénié dans un labo d'ou il se serait échappé par accident, en reconnaissant que "tous les êtres humains font des erreurs".

Et alors, fin de l'histoire?

Là, tu vas être déçu, lecteur. Actuellement personne ne conteste que l'on retrouve bien une séquence de nucléotides brevetée dans le génome du Sars-Cov2. Pour les auteurs de l'étude, qui le démontrent de façon mathématique, il existe seulement une chance sur trois milliards de milliards pour qu'une séquence identique à celle brevetée soit apparue par hasard. En revanche pour d'autres scientifiques, on retrouverait des enchaînements très proches dans l'ADN d'autres animaux, en particulier des oiseaux. Ils expliquent ceci par le fait que le site de clivage de la furine" se comporte comme un ensemble de clé et de serrure et qu'à partir du moment ou une serrure existe, la nature ne peux que façonner une clé. D'autres enfin indiquent que le RaTG13 à seulement 96% identique au Sars-Cov2 ne serait pas un candidat crédible en tant que source à modifier car trop éloigné du virus final.

D'un côté on nous dit que c'est presque le même donc il a muté naturellement et de l'autre qu'il est trop différent pour avoir été transformé. C'est pas un peu antinomique, ça?

Effectivement, lecteur. Mais en la matière, on n''est pas à une contradiction près. A commencer par la Chine, qui n'a rien à se reprocher mais qui n'autorise pas les inspections, et les Etats-Unis qui finançaient ce labo pour y mener des expériences de gain of function sous moratoire sur leur territoire. A ce sujet, curieusement, un plan de recherches émanant de l'Institut de Virologie de Wuhan fourni à la défense américaine dans le cadre d'une demande de financement indiquait "Nous introduirons des sites de clivage spécifiques à l'Homme". Revoici donc les fameux sites de clivage.



jeudi 29 juillet 2021

Crise sanitaire : qui décide de quoi

Face aux décisions et mesures exceptionnelles, parfois contradictoires, semblant peu adaptées et liberticides prises par le gouvernement durant l'épidémie de Covid 19, il est légitime de se demander de quels processus elles découlent. Nous revoici donc, lecteur, forçats de notre passion pour la news, la vraie, celle qui fleure bon la grenade de désencerclement qui meuble un samedi après-midi pluvieux.

OK Delanews, votre chapo frise le ridicule, là. Le processus c'est pas Emmanuel Macron tout seul dans son bureau ?

Pour le ridicule, nous te le concédons, lecteur. Pour le processus, c'est un peu plus compliqué. Pour prendre des décisions, le Président de la république s'entoure d'un Conseil de défense sanitaire. Il est composé essentiellement de ministres, dont ceux de la Défense, de l'Economie, de la Santé. Sa composition est publique, le détail est ici

 " bas les masques" © Présidence de la République

Bah jusque là, rien de neuf sous le soleil. C'est un genre de Conseil des ministres.

Certes lecteur, sauf que... contrairement à un Conseil des ministres, ses débats ont lieu à huis clos et sont classés secret défense. Donc ne mise pas trop sur ton compte-rendu BFMTV quand tu iras te taper un grec à midi – avec pass sanitaire, évidemment.

Pas très démocratique. Et qu'est ce qui nous garanti qu'ils ne disent pas n'importe quoi, alors ?

Justement, le Conseil de défense sanitaire s'appuie sur les recommandations d'un Conseil scientifique, dont les avis, eux, sont publics. Tu les trouveras ici et au passage, on remarquera qu'ils sont rédigés à l'emporte pièce et surtout ne citent pas leurs sources, ou de manière tellement floue qu'elles sont invérifiables. On y trouve pêle-mêle des termes tels que « des études montrent », « selon les scientifiques » ou encore « les dernières données épidémiologiques », sans que ne soient précisées ces études.

 
© DR - Une partie du Conseil scientifique à l'Elysée

Pas comme vous, Delanews. En tout cas pas très scientifique ces communiqués. Espérons que leurs auteurs sont plus crédibles.

Sans doute, lecteur, mais l'honnêteté journalistique qui nous tient lieu de bible à Delanews nous pousse à ajouter un bémol. D'abord, dans ce conseil dit scientifique, six membres sur les 16 qu'il comporte n'ont que des relations lointaines avec la virologie et l'épidémiologie, puisqu'ils sont sociologue, antropologue, pédopsychiatre, médecin de ville, « milieu associatif », « spécialiste des nouvelles technologies ». Et curieusement, y figure également un vétérinaire. Ensuite, chez les scientifiques – mais rappelons au passage que la médecine n'a jamais été une science exacte et c'est souvent un problème – la plupart d'entre eux ont des intérêts liés à ceux de l'industrie pharmaceutique. Certes, nos confrères des médias publics ont publié certains éléments pour lesminimiser. Les rémunérations issues des labos vers ces professionnels de santé seraient insuffisantes pour justifier d'éventuels conflits d'intérêt. Mais ils ont omis les liens indirects qui lient l'industrie aux structures qui les emploient, et qui constituent de véritables perfusions financières pour certaines. 


 

Mais vous, Delanews, vous avez creusé ?

Très peu, lecteur, car tout est public. Suffit de savoir lire. Et voici un condensé :

  • Arnaud Fontanet : Epidmiologiste de Institut Pasteur. Rappelons qu'en 2004 , Pfizer à cédé pour 1 euro symbolique des labos estimés à 12 millions à l'Institut, qui a pu prendre un nouveau départ. 
  • Bruno Lina : Virologie employé par les Hospices civils de Lyon, structure qui a bénéficié en mai 2021 de 150M€ de remise de dette par Olivier Véran. De plus, les HCL sont financés partiellement via une fondation dont le grand mécène 2017 est Hospira Pfizer. Le document est ici.
  • Catherine Chirouze : cheffe du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de Besançon. Rémunérée par Gilead en 2014 pour une étude sur la posologie d'antiviraux contre le VIH.
  • Denis Malvy : infectiologue au CHU de Bordeaux, structure qui bénéficie des honneurs de la presse en 2018, figurant dans le « trio de tête des hôpitaux français dont les personnels sont les plus liés à l'industrie de la santé », avec 9,1 millions d'euros issus des labos. En 2021, le CHU a lancé un plan de modernisation de 1,2 milliards d'euros, dont seuls 240 millions seront abondés par l'Etat. Un info qui devrait réjouir les lobbyistes.
  • Yazdan Yazdanpanah : Médiatique dirigeant de l'ANRS, l'Agence nationale de recherche sur le Sida et les maladies infectieuses. Parmi les fondateurs de la structure, la fondation Bill & Melinda Gates, qui est également un important investisseur de Moderna. Mais ce n'est pas tout, on retrouve l'Institut Pasteur, qui tire une partie de son financement d'une donation de Pfizer et enfin le NIAID américain dirigé par Antony Fauci, dont la presse US et l'excellente BBC affirment qu'un financement indirect est allé aux recherches menées par l'Institut de virologie de Wuhan. Document ici.

Ah ben effectivement. On aurait pu trouver d'autres personnalités moins exposées au ruissellement de l'industrie, non ?

Pas sûr, lecteur, tant la pratique est généralisée. Chez Delanews, nous aimons les chiffres à peu près autant que le fait des lier les causes et les conséquences. En voici quelques uns : En 2018, les CHU ont reçu 170 millions d'euros de laboratoires pharmaceutiques (source base de données Transparence santé). Cette même année, les les industriels pharmaceutiques ont ainsi versé quelque 1,36 milliard d'euros d’avantages aux professionnels de santé, selon une enquête de Data + Local. Une paille dans l'océan des bénéfices de Pfizer qui vient de revoir à la hausse ses commandes de vaccin anti covid à plus de 33 milliards d'euros. Rien d'étonnant donc, aux révélations de Marianne selon lesquelles l'ensemble des membres composant le Conseil scientifique auraient directement bénéficié au total de 450000 euros sur cinq ans issus des labos. 

 Or notre amour des chiffres, des causes et des conséquences nous pousse à les rapprocher d'une autre estimation. Celle des 11 millions d'euros versés par le gouvernement français à des cabinets de conseil en majorité américains tels Mc Kinsey et Accenture pour l'assister en matière de stratégie vaccinale. Des structures aux tarifs stratosphériques dont l'intervention journalière peut s'élever à plus de 50000 euros pour prendre en charge des activités normalement dévolues au service de l'Etat. Des officines dont on peut douter de l'impartialité des conseils puisque Pfizer et Moderna, les deux labos auprès desquels la France s'approvisionne désormais sont eux aussi américains. Justification : les services publics seraient en surchauffe, proches du burn out et auraient besoin de l'expertise du privé.

La crise, certes, mais pas pour tout le monde visiblement. Un pactole en tout cas que se seraient bien partagés les soignants en plus de leur prime dérisoire de quelques centaines d'euros à l'issu du Ségur de la santé.L'hôpital public va mal, mais pas les cabinets de conseil et marketing, visiblement.

Finalement Delanews, c'est vraiment démoralisant votre papier. On aurait mieux aimé ne rien savoir. Nous, tout ce qu'on veut c'est partir en vacances, boire des bières en terrasse et béqueter au restaurant après avoir fait les soldes. C'est quand même ça, la liberté, mince.

Si tu le dis, lecteur. Mais faudra pas venir pleurer.


 

lundi 28 juin 2021

Pfizer est-elle une entreprise fréquentable ?

Géant US de l'industrie pharmaceutique avec près de 80000 employés dans 150 pays, le groupe dégage un CA annuel de 50 milliards de dollars pour une capitalisation boursière de 240 milliards. Est-elle pour autant une entreprise fréquentable?



Au vu de ses résultats, on se doute qu'elle n'est pas arrivée là en jouant au bingo le samedi après-midi.

Tu as raison, lecteur. Fondée en 1848 à Brooklyn par deux chimistes d'origine allemande, elle connait son premier succès grâce à un vermifuge, ni pire meilleur que les autres, mais moins amer. Les deux fondateurs y ajoutent en effet une pâte au sucre et à la noisette. Miam! Mais c'est le brevet du Viagra en 1996 qui apporte la fortune à l'entreprise. Un médicament opportuniste puisqu'au départ, Pfizer cherchait un traitement contre l'angine de poitrine en s'appuyant sur les travaux du professeur et prix Nobel Robert Furchott. La molécule se révèle vite avoir 'autres effets.

Dès lors,  le groupe se lance dans une politique de croissance effrénée, qui le conduit même un temps à être propriétaire des pastilles Vichy. C'est essentiellement le rachat de l'américain Warner-Lambert qui le hisse au rang de numéro un mondial.

OK Delanews, on dirait un vieux commentaire pour un épisode de Capital dans les années 80. Fréquentable ou pas?

Du calme lecteur, on plantait juste le décor. maintenant on va taper dans le dur. Selon l'excellent site américain ViolationTracker, depuis 2000, le groupe s'est rendu coupable de 71 infractions sanctionnées qui int donné lieu au total à 4,6 milliards de pénalités. Le site les résume comme suit :

  • Promotion de médicaments hors AMM ou non approuvée    10 infractions pour 3,4 Mds$
  • Irrégularités marchés publics    19 infractions pour 1,1 Md$
  • Non respect de la sécurité des médicaments ou de l'équipement : 5 infractions pour 1 Md$
  • Corruption à l'étranger    3 infractions pour 0,6 Md$
  • Infraction environnementale    19 infractions pour 0,4 Md$
Ah, et on peut savoir en quoi consistaient ces infractions exactement ?

OK lecteur, il ne s'agit pas ici d'être exhaustifs, d'autant que d'un point de vue légal la plupart de ces affaires sont closes et se sont réglées par des indemnisations. Le groupe est donc juridiquement irréprochable. Mais il a défrayé la chronique un certain nombre de fois et a notamment eu les honneurs du Washington Post, qui a publié en 2006 un rapport confidentiel du ministère de la Santé du Niger. Selon ce document, accessible sur le site du WP, Pfizer aurait mené des essais illégaux d'un médicament non autorisé contre la méningite sur une centaine d'enfants, se soldant pas la mort de 5 d'entre eux et des dommages neurologiques sur d'autres. Pour Pfizer au contraire, les parents avaient donné un consentement oral et étaient informés des risques. Après plusieurs procès l'affaire se solde par une indemnisation de 75M$ aux victimes et à l'Etat de Kano. A noter, selon AllAfrica.com, que les dossier médicaux des plaignants auraient été perdus et que l'Etat de Kano aurait bénéficié de 10M$ de la part du groupe, sans que soit établit un lien de causalité.

Bon. Un fait isolé peut-être?

Peut-être pas, lecteur. Car Pfizer fait aussi dans les virus génétiquement modifiés sans vouloir en publier la séquence ADN.

C'est pas un peu conspirationiste, ça?

Conspirationiste autant que peut l'être le jury fédéral maéricain du District de Hartford, qui a accordé en 2010 une indemnisation de 1,37M$ à Becky McClain, une biologiste moléculaire et ex-employée du groupe. Licenciée depuis, elle affirme qu'avec deux autres collègues, elle a été infectée par un virus de synthèse qui lui cause une paralysie aléatoire temporaire. Pfizer a reconnu une partie des faits mais nie la dangerosité de son virus, ce que conteste Becky McClain.

Finalement les virus de synthèse existent?

Il semble bien lecteur. Mais les pratiques du groupe peuvent aussi se montrer moins high tech. Ainsi l'entreprise a t-elle écopé d'une amende record de 2,3Mds$ en 2009 pour pratiques commerciales abusives. En particulier pour avoir versé des commission des pédiatres afin qu'ils fassent la promotion auprès  de leurs pairs d'un médicament contre les troubles bipolaires, le Geodon. Or ce médicament n'était autorisé que pour les adultes de 18 à 65 ans. Certes des employés ont été sanctionnés mais pas les cadres importants de l'entreprise. Chaque année la firme consacre plus de 11M$ au lobbyisme, dont près de 1M$ rien qu'à Bruxelles ou elle emploie de 3 à 5 permanents. Les politiques ne seraient pas épargnés, si l'on en croit l'ancien ministre français du Budget Jérôme Cahuzac, qui soutient lors de son procès que c'est Pfizer qui alimentait son fameux compte en Suisse.

C'est grâce à ça que Pfizer a obtenu des conditions favorables secrètes auprès de l'UE?

Peut-être, lecteur. Il faudrait demander demander à ton député européen. En tout cas, on estime que la commercialisation de son vaccin ARNm devrait booster le CA du groupe de plus de 40% sans que ce dernier ne souhaite assurer de responsabilité en matière d'effets secondaires. Les contrats passés avec l'UE sont particulièrement opaques (voir notre article à ce sujet) et l(ONG britannique Bureau of Investigative Journalism a récemment révélé que l'entreprise aurait exercé une pression à la limite du harcèlement sur l'Argentine et le Brésil pour que ces Etats mettent en gage certains de leurs actifs afin de garantir d'éventuelles indemnisations liées à des effets secondaires du vaccin. Selon l'ONG, Pfizer irait jusqu'à refuser toute responsabilité y compris en cas de fraude, négligence ou malveillance.

Ben ça fout les chocottes carrément. Sur ce je vais illico me faire faire ma seconde injection parce j'ai un vol la semaine prochaine pour les Bahamas. Après cette période de confinement, on a tous envie d'en profiter.

Va, lecteur, va. A défaut d'être vacciné, tu es informé.


jeudi 17 juin 2021

Un groupe de chercheurs de l'université américaine Thomas Jefferson apporte la première preuve de l'écriture dans l'ADN se séquences issues de l'ARN.



Delanews, votre ligne éditoriale dérive doucement vers celle d'une publication scientifique ?

Non, lecteur, nous sommes toujours des monomaniaques de la crise du Covid et de son fameux virus Sars Cov2. Et ce sont bien les techniques de vaccination à l'ARN messager qui sont au centre des préoccupations de ce papier.

Ah bon et pourquoi?

Parce que jusqu'à maintenant, les labos à l'origine des vaccins à ARNm ont toujours affirmé qu'il n'y avait aucune possibilité de modification de l'ADN des cellules à partir de l'ARNm contenu dans le vaccin.

Et alors, finalement les vaccins Pfizer et Moderna pourraient altérer l'ADN de nos cellules?

Ca lecteur, on ne peut pas l'affirmer et ce n'est as ce que dit l'étude du groupe de chercheurs publiée dans Science Daily. Mais en revanche, ces scientifiques démontrent pour la première fois que des séquences ARN contenues dans une cellule peuvent être transcrites dans l'ADN du noyau. Pour bien comprendre, on peut comparer la cellule à une petite usine à fabriquer des protéines. Les plans des ingénieurs sont contenus dans l'ADN sous forme de gènes. La cellule en fait une copie carbone sous forme d'ARN qui voyage à travers le cytoplasme jusqu'aux ribosomes qui vont fabriquer la protéine en question. Une fois l'opération accomplie, l'ARN est détruit par une enzyme.

Et donc pas de rétroaction dans l'ADN ?

En théorie non. Du moins c'est ce qu'on croyait, mais l'étude des chercheurs de Thomas Jefferson démontre le contraire. Dans la cellule, il existe une enzyme, la transcriptase theta, qui sert essentiellement à dupliquer de l'ARN lorsque la cellule se divise. Or les chercheurs démontrent que non seulement cette enzyme est capable de transcrire des séquences ARN dans l'ADN, mais qu'en plus elle le fait avec plus de fiabilité que lorsqu'elle duplique de l'ARN lors de la division cellulaire. Ce qui laisse supposer à l'équipe de chercheurs que son rôle premier serait en fait de retranscrire de l'ARN en ADN.


 

Ah, et on en tire quelle conséquence ?

Aucune, lecteur, mais la news nous paraît suffisamment importante pour être signalée. Au moins, dans les dîners en ville tu pourras citer cette étude lorsque ton beau frère affirmera catégoriquement que les vaccins à ARN ne peuvent pas altérer l'ADN. Ce qui ne l'empêchera pas de te traiter de complotiste, mais au moins tu sauras que tu ne l'es pas plus que les équipes de chercheurs de l'université Thomas Jefferson. Nous ne savons pas si cela suffira à te consoler.

lundi 31 mai 2021

Covid 19 : l'accident industriel de plus en plus probable


Au fur et à mesure du temps qui passe, le faisceau d'indices se resserre autour d'une hypothèse : la fuite de laboratoire du virus du Covid 19. Il devient de moins en moins complotiste d'oser imaginer que le Sars-Cov2 ait pu prendre la poudre d'escampette depuis des cryotubes du fameux lab P4 de Wuhan, lieu d'apparition des premières contaminations. Profitons de cette soudaine ouverture d'esprit.

Au cours des dernières semaines, coup sur coup trois révélations sourcées par des publications scientifiques ou par des journaux anglo-saxons viennent conforter non seulement l'hypothèse de la fuite de labo (voir nos précédents articles sur le sujet) mais plus indicible encore, celle de l'éventuelle fabrication in situ par des virologues chinois du Sars-Cov2. Décidément les virus semblent nettement plus difficiles à confiner que les humains.


Ouais, Delanews, on connaît vos méthodes. Encore des trucs ésotériques puisés sur des sites douteux...

Lecteur, si par site douteux tu entends le Wall Street Journal ou la revue scientifique Science, alors oui, c'est bien de là que viennent nos informations. La première d'entre elles a même été curieusement reprise par Le Monde, pourtant fervent défenseur pendant des mois de la théorie du pangolin. Mais on va voir pourquoi.

Delanews, vous réglerez vos comptes plus tard. Nous on veut savoir.

OK. Pour mieux comprendre, il faut se rappeler que lorsque le Sars-Cov2 est apparu à Wuhan, il se trouve qu'il existait dans cette ville un institut de virologie qui étudiait justement ce genre de virus. En 2019, pour l'ensemble des médias, il n'y avait aucun rapport entre les deux faits. Ben non, pourquoi, d'ailleurs. Mieux, les chercheurs de Wuhan ont rapidement publié le génome d'un coronavirus qu'ils avaient - disent-ils - isolé en 2013 au sein d'une population chauves-souris et répondant au doux nom de RaTG13.

On s'en fout.

Ben non, lecteur, tu ne t'en fous pas. Selon les chercheurs de l'institut de virologie de Wuhan, le RaTG13 est génétiquement identique à 96% au Sars-Cov2. Et la communauté scientifique de s'en contenter pour affirmer que le Covid 19 est bien issu d'un virus de chauve-souris qui a muté, gagnant au passage une pointe porteuse d'une protéine ACE2 capable de pénétrer les cellules humaines. Le hasard, toujours lui, semble bien faire les choses. Trop bien pour certains scientifiques, qui pensent alors que le virus a du passer par un hôte intermédiaire, c'est la fameuse théorique jamais prouvée du pangolin. Animal attachant au demeurant, dont on ne peut que souhaiter la protection. Thèse ayant bien sûr la faveur de l'OMS, dont la Chine est un important contributeur. Sur les quelques 313 pages de rapport de la commission d'enquête sur l'apparition du virus, seules 4 évoquent la possibilité d'une fuite de labo.

Delanews, des fois on se demande si vous ne délayez pas. Vus êtes payés au feuillet?

Si on faisait ça pour l'argent, on laisserait tomber pour vendre des T Shirts "bisous bisous". On ne délaye pas, on explique, nuance. Or une partie de la communauté scientifique vit très mal le fait qu'une hypothèse pourtant probable semble indicible. Mi mai 2021, une vingtaine d'entre eux, dont le virologue américain Ralph Baric, ça a son importance, publient un papier dans Science pour demander que soit pris en compte et étudié la possibilité d'un accident de laboratoire.

Bon, c'est pas trépident.

Si, parce que coupe de théâtre, juste avant la publication de l'appel dans Science, fuitent sur Twitter, non pas des virus, mais des travaux universitaires menés par des chercheurs chinois de l'institut de virologie de Wuhan. On y apprend - sans que ce soit vérifié - qu'à l'époque ou le RaTG13 aurait été prélevé dans des grottes du Yunnan, six ouvriers auraient contracté une pneumonie et trois en seraient décédés. On y apprend également qu'en plus du RaTG13, ce sont sept autres souches non documentées qui auraient été prélevées et conservées à l'institut de Wuhan.

OK pour la fuite, mais ça exclue la manipulation génétique alors.

Curieusement oui. La fuite des mémoires des chercheurs de Wuhan tombe en effet à pic pour discréditer tout soupçon de manipulation. Sauf que malgré les malades de 2013 évoqués par les mémoires, aucune pandémie n'est apparue cette année là. Curieusement également, l'un des scientifiques appelant à plus de transparence est Ralph Barric. Or c'est ce même scientifique qui collaborait en 2016 avec Shi Zhengli, la directrice adjointe de l'Institut de virologie de Wuhan, pour modifier des virus afin de les rendre plus offensifs notamment contre les humains. Un procédé nommé GoF pour Gain of Function, sous moratoire aux Etats-Unis, mais pas en Chine. (cf nos articles précédents)

Oulala, ça fait mal à la tête votre histoire. On comprend quand même que ce n'est pas clair

Ca dépend de la lecture qu'on en a. Ici à Delanews, on trouve assez simple. Se sachant de plus en plus sur la sellette, l'institut de virologie de Wuhan se doute qu'on va finir par considérer sérieusement la thèse de l'accident. Il y a lieu de penser que le Sars-Cov2 pourrait être un produit de Gain Of Function non publié (voir nos articles précédents) et pour noyer le poisson, l'institut laisse fuiter opportunément un travail avançant que dès 2013 des coronavirus de chauve-souris ont pu passer naturellement la barrière des espèces et contaminer des humains.

Effectivement, vu qu'il n'y a pas eu de pandémie ensuite, ca n'est pas très crédible.

Beaucoup plus plausibles, en effet, sont les conclusions d'un rapport du renseignement US repris par le Wall Street Journal indiquant que trois chercheurs de l'Institut de Virologie auraient contracté une infection aux symptômes "compatibles avec le Covid 19" en novembre 2019. Un faux grossier pour Pékin, qui affirme qu'aucun employé de l'institut n'a contracté la maladie. Mais un élément suffisamment troublant pour que le président américain Joe Biden, à la verve moins virulente que celle de son prédécesseur déclare via sa porte-parole que son administration continue d'avoir "de sérieuses questions sur les premiers jours de la pandémie, y compris sur ses origines en République populaire de Chine".

Si même le président US s'y met...

Il faut dire qu'au pays de l'Oncle Sam, on en sait probablement bien plus qu'on peut en dire. Récemment la presse US a révélé que Washington avait subventionné via le National Institute of Allergy and Infectious Diseases du Dr Anthony Fauci des chercheurs ayant participé à une conférence sur le Gain of Fonction en 2017 à l'Institut de Wuhan. De fait, des fonds US ont bien été affectés à l'institut de Wuhan via l'Eco Health Alliance de New York. Faut nie cependant avoir financé des études de gain of function.

N'empêche. L'institut pourrait bien avoir quelques programmes de recherche cachés. Récemment le Daily Mail vient de révéler que deux scientifiques s'apprêtent à publier dans le Quarterly Review of Biophysics Discovery un papier de 22 pages dans lequel ils n'excluent pas que le Sars-Cov2 puisse avoir été créé en laboratoire. Or les deux auteurs sont loin d'être inconnus et disposent d'une impressionnante légitimité scientifique. Le britannique Angus Dalgleish, professeur d'oncologie à l'université St George's de Londres est l'auteur d'un traitement efficace contre le HIV, tandis que son collègue virologue norvégien Birger Sorenson est le père de Biovacc 19, un vaccin candidat sérieux contre le Covid 19. 

C'est en effectuant leurs travaux de recherche en vue de produire leur vaccin que les deux scientifiques se sont aperçus d'étrangetés concernant la pointe spike du Sars-Cov2. Celle ci contiendrait une rangée de quatre acides aminés, tous chargés positivement. Un assemblage fort efficace pour s'accrocher aux membranes des cellules humaines, mais extrêmement improbable à apparaître naturellement car les charges identiques se repoussent. Il est déjà très rare d'en observer un bloc de trois.

Forts de leurs observations, les deux hommes avancent qu'il n'est pas impossible que le labo de Wuhan ait laissé s'échapper dans la nature un virus manipulé et ait ensuite tenté de masquer ses traces en orientant les recherches du monde entier vers une origine animale. Le manque de transparence de la Chine concernant les recherches menées à Wuhan ne leur permet cependant pas de conclure avec certitude.

Mais le Daily Mail n'a t-il pas été banni des sources de Wikipédia pour manque de sérieux ?

Effectivement, mais pas le Quarterly Review of Biophysics Discovery. Nous reviendrons sur les implications de ceci lorsque l'étude aura été publiée. Les deux scientifiques ont déjà publié dans cette revue en 2020 à l'occasion de leurs travaux sur un vaccin contre le Sars-Cov2.


jeudi 15 avril 2021

Le labo P4 de Wuhan serait une passoire à virus

Une équipe de scientifiques des Etats-Unis, du Canada, du Japon, d'Espagne jugent l'hypothèse fort probable dans la conclusion d'une étude déposée le 4 avril dernier sur la plate forme de diffusion en libre accès des études scientifiques arVix.

 Effet whaou garanti, Delanews !

C'est vrai lecteur et à la rédaction on n'est pas couchés. Nous sommes presque devenus monomaniaques du Sars-Cov V2. Comme la plupart de nos collègues, du reste. Sauf que nous, nous ne rechignons pas à la lecture de 33 pages d'analyse biogénétique en anglais publiées en pré-print dont les méthodes de travail sont accessibles à tous et peuvent être examinées par l'ensemble de la communauté scientifique.

Et elle dit quoi cette étude ?

Cette équipe pluridisciplinaire composée d'informaticiens, de biologistes, de généticiens et de médecins l'affirme, des traces de virus Mers et Cov sont présentes dans des séquençages génétiques de coton, de riz et de souris opérés par un labo agricole de Wuhan entre 2017 et 2020. Des virus que l'on retrouve généralement chez la chauve-souris et le chameau, deux animaux dont les scientifiques n'ont trouvé aucune signature ADN dans les échantillons analysés. Ils se sont donc demandé comment ces virus hautement pathogènes pour les humains et censés demeurer sous contrôle dans des laboratoires de haute sécurité se sont retrouvés dans des échantillons agricoles de laboratoires de moindre sécurité.

Et ?

Et après avoir éliminé un certain nombre d'hypothèses, ils indiquent dans leur conclusion que la plus probable serait celle d'une fuite du fameux labo P4 de Whuan. Ils évoquent une contamination croisée qui aurait pu intervenir sur des lignes de séquençage communes entre les deux labos. Soit via des gants, soit via du matériel mal stérilisé, soit en par aérosol. 

Par ailleurs, dans leur étude, les scientifiques suspectent également très fortement une contamination d'échantillon de souris par une souche de Mers Cov entre la partie la plus sécurisée du labo de Wuhan et sa partie la moins sécurisée effectuant du séquençage pour des recherches agricoles. Ils s'appuient sur des déclarations de Shi Zhingli elle même, qui affirme que les séquençages se font sur place à Whuan, pour écarter l'hypothèse d'une contamination extérieure.

 L'équipe indique dans sa conclusion avoir dégagé suffisamment d'éléments pour attirer l'attention de l'OMS sur le fait que la fuite du Sars-Cov V2 du labo P4 n'est pas une hypothèse marginale mais bien une piste très sérieuse pour déterminer l'origine du virus. Elle préconise de renforcer la sécurité dans ce type d'installations.

Ben ma bonne dame. Et elle est fiable cette étude ?

Pour ça lecteur, on te renvoie aux 33 pages d'infobiologie publiées sur arXiv. Mais si tu as la flemme, on ne recule devant rien à Delanews et on va tenter un peu de pédagogie.

D'abord les scientifiques n'ont pas analysé directement les échantillons, qui ont disparu depuis longtemps. Ils ont travaillé sur les résultats informatisés des séquençages effectués par trois labos chinois. 

 Ah et comment ?

De façon tout à fait publique et vérifiable. Lorsque des labos séquencent des génomes, ils peuvent en consigner les résultats sur la base de données SRA (Sequence Read Archive) du National Center for Biotechnology Information (NCBI). L'équipe a donc travaillé sur les résultats informatisés des séquençages. Ils ont fait tourner des algorithmes de leur cru grâce auxquels ils ont décelé la présence en plus de l'ADN séquencé de riz, de coton ou de souris, l'ADN des virus en question ayant contaminé ces échantillons. Or ces séquences sont très proches voire identiques à celles de virus conservés à l'Institut de virologie de Wuhan.

C'est clair. Fin de l'histoire?

Hélas, lecteur. On aimerait bien te dire oui, mais non. Car ne n'est pas tout, comme on dit en télé. En analysant le séquençage génétique des échantillons de riz, coton et souris issus des labos de l'université d'agriculture et de l'institut de virologie de Wuhan, L'équipe a également pu reconstituer entièrement le génome de deux coronavirus non documentés potentiellement pathogènes pour les humains. Ce qui lui laisse supposer que des recherches non publiées peuvent avoir lieu à l'Institut de virologie.

C'est du très lourd, là, non ?

Effectivement. Si l'Institut devait un jour être tenu responsable de la propagation du Sars-Cov2 et de ses variants après une fuite, nous n'aimerions pas être leur assureur. Mais il y a pire. Et à Delanews nous ne reculons devant rien car pour nous la news c'est sacré. Plus une religion qu'un sacerdoce. Et nous sommes prêts à nous auto-flageller sur le long chemin de croix qui mène à l'étiquetage de complotiste pour avoir osé, ne serait ce qu'oser évoquer la fin de l'étude.

 Y'en a encore ?

Oui. Heureusement les chercheurs parlent au conditionnel, ce qui va nous éviter d'être pendus aux branches de ConspiracyWatch. Forte de sa découverte d'un nouveau génome de virus, qu'elle baptise HKU4-r CoV, l'équipe constate qu'il s'agit d'un clone d'un coronavirus modifié pour pouvoir infecter les humains. Or selon elle, il n'existe par de documentation au sujet d'un virus de départ servant à obtenir ce résultat. Pour elle, on a donc du utiliser un virus non divulgué.

C'est compliqué mais en quoi c'est inquiétant ?

Justement, les chercheurs indiquent que l'un des principaux arguments avancés pour réfuter la thèse de la création du Sars-Cov2 en laboratoire, c'est qu'il n'existe pas de virus de départ documenté. Or pour le HKU4-r CoV, dont ils ont identifié les insertions, pas de documentation non plus. Donc l'argument excluant la création ne tient plus selon eux. Et de conclure : " Le fait qu'un clone infectieux ait été découvert contaminant un échantillon de riz ou il n'avait pas à se trouver laisse songeur quant au nombre de virus potentiellement pathogènes sur lesquels ont travaillé l'Institut de Virologie de Wuhan sans en référer à la communauté scientifique internationale."

 Ca fout les chocottes !

Carrément. D'autant q'on peut imaginer que les américains, les russes, les hindoux, les brésiliens et les européens travaillent aussi dans leurs labos.

On est pas déconfinés.

Tu l'as dit, lecteur.





mardi 5 janvier 2021

Non le prix de la vaccination n'est pas transparent

Comme tout bon debunker, notre style éditorial évolue. Nous commençons nous aussi nos titres par "Non", preuve que nous ne racontons pas plus de de balivernes que les autres. C'est parti : Le prix d'achat par l'UE du vaccin anti covid de Pfizer aurait fuité "par erreur" sur twitter. "Pas les bons chiffres", claironnent les grands titres européens en complexifiant l'affaire. Preuve que l'opacité autour du Sars Cov V2 n'est pas seulement liée à son origine. La pandémie s'accompagne de son lot de petites cachotteries et de profiteurs discrets.

 

Comme la plupart des politiques, Eva De Bleeker souffre d'une certaine addiction aux tweets. Et comme elle est secrétaire d'Etat Belge au budget, elle tient serré les cordons de la bourse. Deux petites manies bien anodines mais qui cumulées la conduisent à balancer sur le Net un tableau comparatif des prix d'achat des différents vaccins ainsi que des doses commandées par l'Union européenne. Acte de journalisme citoyen ou bouffée délirante de transparence ? En tout cas elle va vite le regretter publiquement.

Delanews, c'est plutôt bien d'avoir des infos. Pourquoi cet article?

Tu es perspicace lecteur. Effectivement tout est dit dans ce tweet  toujours en ligne sur d'autres comptes, ou les prix par dose s'étalent de 18 dollars pour la potion de Moderna à 1,75 euros pour celle du britannique AstraZenca, en passant par la modique somme de 12 euros pour celui de l'américain Pfizer.  Au delà du fait qu'on peut légitimement s'interroger sur une échelle de prix qui va de 1 à 10, la publication de la secrétaire d'Etat aurait du être un non événement, comme la plupart de ses autres tweets. Ben non. Si tu penses, lecteur, qu'en tant que contribuable de l'UE, tu as le droit se savoir à combien nous achetons ces petites fioles à des labos étrangers, tu te trompes lourdement.

 On n'a pas le droit?

Pas pour les labos, visiblement, tel Pfizer qui réagit immédiatement en accusant Mme De Bleeker d'avoir brisé une clause de confidentialité intégrée à l'accord. Ce qui va conduire la politicienne à se fendre publiquement d'un mea culpa en estimant qu'elle avait été "trop transparente".

Un politicien peut-il être trop transparent ? Généralement ils ne le sont pas assez ?

Tu as raison lecteur. Curieuse notion que ce comportement "trop transparent". Voterais tu pour elle si tu avais à le faire? Nous, à la rédaction de Delanews, on s'interroge. En tout cas, pour son autocritique, Mme De Bleeker va pouvoir compter sur des alliés de poids : la grande presse.

Delanews, vous n'en faites pas partie, vous, de la grande presse ?

Heeuu, oui et non. C'est compliqué, lecteur, et on va garder ça pour autre fois. Revenons aux vaccins. Dans la foulée, Reuters, relayée par une grande presse toujours prompte à défendre l'honneur des labos, indique que ces chiffres ne seraient pas fiables. Et en avance d'autres, sur la base d'un document qu'elle se serait procurée. Selon l'agence de presse britannique, il y aurait un complément à verser, portant le prix global d'une dose Pfizer à 15,5 euros pour un achat par l'UE et à 19,5 euros pour un achat par les Etats-Unis, la différence s'expliquant par la quantité de doses commandées. Et la presse d'expliquer que ces conditions favorables de négociation devaient rester confidentielles pour ne pas froisser Washington.

Donc on sais tout. Pourquoi titrez vous sur l'absence de transparence alors?

Parce que loin de clarifier l'affaire, la dépêche de Reuters la complexifie. Brusquement, après les révélations de Mme De Bleeker, tombe une avalanche de chiffres. Mais avant, rien. Pas la moindre interrogation sur ce prix d'achat, ni par un politique, ni par un journaliste, depuis l'éditorialiste TV jusqu'au plus obscur stagiaire de la Charente Libre. Rien, nada. Pour les français, le vaccin est "gratuit" puisque c'est la sécu qui paye. A ce sujet, nous n'avons aucun lien grâce auquel sourcer puisque personne n'en a parlé. Si d'aventure un lecteur trouvait une référence qui nous prouve le contraire, nous nous engageons bien volontiers à enfiler le bonnet d'âne du petit crétin complotiste et à rester au coin pendant deux jours.

Et donc ?

Et donc on ne sait toujours pas à quel prix réel ont été négociées les doses. On ne le saura sans doute pas mais en revanche on est sûrs de l'existence d'une clause de confidentialité. Bien légitimement, les contribuables se posent alors d'autres questions et une affreuse information complotiste commence à envahir les réseaux sociaux : les médecins percevraient 5,4 euros par patient injecté déclaré au fichier Covid des vaccinations. Jugeant la rumeur nauséabonde, les fact checkers se saisissent de l'affaire, déjà prêts à sortir le "Non" en début de papier. Hélas pour eux, il va falloir commencer par "oui", l'info est bien réelle et confirmée. En contrepartie de la saisie informatique de quelques infos, les médecins vaccinateurs verront bien le tarif de leur consultation augmenter de 25%. Mais que le public se rassure, pour les patients, ce sera gratuit, c'est la sécu qui régale.