samedi 23 août 2014

James Foley, la presse et le pétrole

Bon, là ça ne rigole pas. Je reviens sur l'exécution de ce journaliste américain en Irak diffusée sur Internet.

Une horreur, clairement. Que dire de plus?

Ce n'est pas tant ce tragique événement qui me préoccupe, mais le massacre dans la région en dix ans de 500 000 à million de civils en Irak, difficile de savoir, et de deux cent mille personnes en Syrie, selon l'ONU. Des chiffres hors de proportion avec la disparition d'un seul journaliste US, qui par ailleurs était l'un des rares sur la zone, en dehors des militaires et combattants, à avoir librement consenti à s'exposer au risque. Tel n'est pas le cas des populations civiles, dont certaines sont d'ailleurs tombées sous les bombardements occidentaux.

Immédiatement après l'assassinat de James Foley, l'opinion internationale et la presse s'enflamment. Obama promet des frappes, l'ONU dénonce un acte "lâche et haineux", le presse française rivalise de unes, le pape s'en mêle et Hollande se dit "révolté". Tsss, François, tu n'a pas autre chose à faire? Je ne sais pas, moi, le chômage, l'économie ou même notre spécialité nationale, les Droits de l'Homme. On aurait pu parler un peu au passage des massacres de civils en Irak et en Syrie.

Passons. James Foley était détenu depuis novembre 2012 et les EU n'auraient pas voulu payer de rançon aux ravisseurs de l'Etat islamique en Irak et au Levant. Mais attention, pendant plus d'un an et demi, l'Oncle Sam n'est pas resté les bras croisés. Selon les services secrets US, propos par nature invérifiables , les Etats Unis auraient monté une opération d'exfiltration qui se serait soldée par un échec. Ces révélations de cour d'école suffiront-elles à calmer les contribuables américains?

En tous cas, ils peuvent focaliser leur colère depuis deux jours sur John, le bourreau britannique présumé de James Foley. Un occidental qui aurait rejoint l'Etat islamique en Iraq et au Levant.



Mais au fait, c'est qui ces EIIL? Un groupe de jihadistes ultraradicaux apparu en 2006 grâce à des généreux donateurs privés du Qatar et d'Arabie Saoudite, jamais loins de Washington. Certains de leurs dirigeants sont réputés avoir travaillé la main dans a main avec le Pentagone en 2007. Du moins c'est ce que dit le Guardian. Tiens? Il faut dire que désormais, les dix mille hommes de l'EIIL se sentent plus à l'aise, puisqu'ils viennent de faire main basse sur les 500 millions de dollars d'éconocroques de la ville de Mossoul. Le Jihad, oui, mais là ou il y a du pétrole. Tant qu'à faire.

C'est vrai que c'est moche, la partie cachée de l'iceberg. Mais contrairement à l'assassinat de Foley, c'est pas une raison pour ne pas regarder. Au contraire.

Dernière minute et encore plus glauque : Israël a publié et finalement retiré sou pression des internautes la photo de l'exécution de Foley pour stigmatiser les dangers du... Hamas. De quoi, sans doute, justifier une bonne petite frappe pour Bibi.

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