lundi 28 juin 2021

Pfizer est-elle une entreprise fréquentable ?

Géant US de l'industrie pharmaceutique avec près de 80000 employés dans 150 pays, le groupe dégage un CA annuel de 50 milliards de dollars pour une capitalisation boursière de 240 milliards. Est-elle pour autant une entreprise fréquentable?



Au vu de ses résultats, on se doute qu'elle n'est pas arrivée là en jouant au bingo le samedi après-midi.

Tu as raison, lecteur. Fondée en 1848 à Brooklyn par deux chimistes d'origine allemande, elle connait son premier succès grâce à un vermifuge, ni pire meilleur que les autres, mais moins amer. Les deux fondateurs y ajoutent en effet une pâte au sucre et à la noisette. Miam! Mais c'est le brevet du Viagra en 1996 qui apporte la fortune à l'entreprise. Un médicament opportuniste puisqu'au départ, Pfizer cherchait un traitement contre l'angine de poitrine en s'appuyant sur les travaux du professeur et prix Nobel Robert Furchott. La molécule se révèle vite avoir 'autres effets.

Dès lors,  le groupe se lance dans une politique de croissance effrénée, qui le conduit même un temps à être propriétaire des pastilles Vichy. C'est essentiellement le rachat de l'américain Warner-Lambert qui le hisse au rang de numéro un mondial.

OK Delanews, on dirait un vieux commentaire pour un épisode de Capital dans les années 80. Fréquentable ou pas?

Du calme lecteur, on plantait juste le décor. maintenant on va taper dans le dur. Selon l'excellent site américain ViolationTracker, depuis 2000, le groupe s'est rendu coupable de 71 infractions sanctionnées qui int donné lieu au total à 4,6 milliards de pénalités. Le site les résume comme suit :

  • Promotion de médicaments hors AMM ou non approuvée    10 infractions pour 3,4 Mds$
  • Irrégularités marchés publics    19 infractions pour 1,1 Md$
  • Non respect de la sécurité des médicaments ou de l'équipement : 5 infractions pour 1 Md$
  • Corruption à l'étranger    3 infractions pour 0,6 Md$
  • Infraction environnementale    19 infractions pour 0,4 Md$
Ah, et on peut savoir en quoi consistaient ces infractions exactement ?

OK lecteur, il ne s'agit pas ici d'être exhaustifs, d'autant que d'un point de vue légal la plupart de ces affaires sont closes et se sont réglées par des indemnisations. Le groupe est donc juridiquement irréprochable. Mais il a défrayé la chronique un certain nombre de fois et a notamment eu les honneurs du Washington Post, qui a publié en 2006 un rapport confidentiel du ministère de la Santé du Niger. Selon ce document, accessible sur le site du WP, Pfizer aurait mené des essais illégaux d'un médicament non autorisé contre la méningite sur une centaine d'enfants, se soldant pas la mort de 5 d'entre eux et des dommages neurologiques sur d'autres. Pour Pfizer au contraire, les parents avaient donné un consentement oral et étaient informés des risques. Après plusieurs procès l'affaire se solde par une indemnisation de 75M$ aux victimes et à l'Etat de Kano. A noter, selon AllAfrica.com, que les dossier médicaux des plaignants auraient été perdus et que l'Etat de Kano aurait bénéficié de 10M$ de la part du groupe, sans que soit établit un lien de causalité.

Bon. Un fait isolé peut-être?

Peut-être pas, lecteur. Car Pfizer fait aussi dans les virus génétiquement modifiés sans vouloir en publier la séquence ADN.

C'est pas un peu conspirationiste, ça?

Conspirationiste autant que peut l'être le jury fédéral maéricain du District de Hartford, qui a accordé en 2010 une indemnisation de 1,37M$ à Becky McClain, une biologiste moléculaire et ex-employée du groupe. Licenciée depuis, elle affirme qu'avec deux autres collègues, elle a été infectée par un virus de synthèse qui lui cause une paralysie aléatoire temporaire. Pfizer a reconnu une partie des faits mais nie la dangerosité de son virus, ce que conteste Becky McClain.

Finalement les virus de synthèse existent?

Il semble bien lecteur. Mais les pratiques du groupe peuvent aussi se montrer moins high tech. Ainsi l'entreprise a t-elle écopé d'une amende record de 2,3Mds$ en 2009 pour pratiques commerciales abusives. En particulier pour avoir versé des commission des pédiatres afin qu'ils fassent la promotion auprès  de leurs pairs d'un médicament contre les troubles bipolaires, le Geodon. Or ce médicament n'était autorisé que pour les adultes de 18 à 65 ans. Certes des employés ont été sanctionnés mais pas les cadres importants de l'entreprise. Chaque année la firme consacre plus de 11M$ au lobbyisme, dont près de 1M$ rien qu'à Bruxelles ou elle emploie de 3 à 5 permanents. Les politiques ne seraient pas épargnés, si l'on en croit l'ancien ministre français du Budget Jérôme Cahuzac, qui soutient lors de son procès que c'est Pfizer qui alimentait son fameux compte en Suisse.

C'est grâce à ça que Pfizer a obtenu des conditions favorables secrètes auprès de l'UE?

Peut-être, lecteur. Il faudrait demander demander à ton député européen. En tout cas, on estime que la commercialisation de son vaccin ARNm devrait booster le CA du groupe de plus de 40% sans que ce dernier ne souhaite assurer de responsabilité en matière d'effets secondaires. Les contrats passés avec l'UE sont particulièrement opaques (voir notre article à ce sujet) et l(ONG britannique Bureau of Investigative Journalism a récemment révélé que l'entreprise aurait exercé une pression à la limite du harcèlement sur l'Argentine et le Brésil pour que ces Etats mettent en gage certains de leurs actifs afin de garantir d'éventuelles indemnisations liées à des effets secondaires du vaccin. Selon l'ONG, Pfizer irait jusqu'à refuser toute responsabilité y compris en cas de fraude, négligence ou malveillance.

Ben ça fout les chocottes carrément. Sur ce je vais illico me faire faire ma seconde injection parce j'ai un vol la semaine prochaine pour les Bahamas. Après cette période de confinement, on a tous envie d'en profiter.

Va, lecteur, va. A défaut d'être vacciné, tu es informé.


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