jeudi 8 septembre 2016

La Chine à l'heure de Star Trek

Que de travail pour Delanews cette semaine !! Après les 28 pages déclassées du rapport des parlementaires US sur le 11 septembre, nous voici à nouveau dans l'obligation de reprendre notre sacerdoce de l'info. En effet, la Chine a lancé le 16 août 2016 le premier satellite de communication "quantique" dont on suppose qu'il va rendre les communications cryptées inviolables.

 
 Communication quantique, késako?

Alors là, non, lecteur, ne compte pas sur nous pour un cours de physique quantique. Primo, à la rédaction, personne ne maîtrise réellement. Nous ne sommes que de vulgaires vulgarisateurs après tout Secundo, si les maths et les stats te passionnent et que tu rêves en équations, il y a plein de littérature sur le web à ce sujet. On te laisse en compagnie d'Alice et Bob.

Vous écrivez sur un truc que vous ne comprenez pas? On peut s'interroger sur la pertinence de ce papier.

Si si lecteur, c'est pertinent de s'intéresser à cet engin, pas sous l'angle du "comment ça marche?",  mais sous celui de "qu'est ce ça fait". On verra ensuite pourquoi c'est important, au point de téléscoper de plein fouet notre ligne éditoriale radicale.

Bon, alors qu'est ce ca fait?

Comme on te le disait plus haut, ça pourrait bien garantir l'inviolabilité des communications. Sans nous épancher, on peut simplement dire que lorsqu'on les génère à travers un cristal particulier (et via un appareillage ad hoc, ça va sans dire) on parvient à placer deux photons dans un état d'intrication quantique. Et tout se passe comme si ils demeuraient liés l'un a l'autre par un mécanisme invisible, quelle que soit la distance qui les sépare. Un "effet fantôme" aurait dit Einstein.

Waow, c'est Star Trek!! Beam me up, Scotty!

Calme toi, lecteur. Tu ne feras pas livrer un iPhone7 par Amazon demain via intrication quantique. Deux photons copient juste l'un l'autre leur état d'excitation.

Ah bon. Et quel intérêt, alors?

Aucun pour la téléportation. Mais pour la cryptographie, en revanche c'est une autre histoire. Tu sais peut être qu'un des fondements de la mécanique quantique est que dès que l'on observe une particule pour connaître soit sa vitesse, soit son niveau d'énergie, on modifie cet équilibre. Telle est l'action irrémédiablement destructrice de l'observateur. Maintenant, supposons qu'on transmette une clé de cryptographie (un morceau de mot de passe, pour faire simple) en utilisant des particules intriquées. Alors dès qu'un pirate tentera de lire une information, il modifiera forcément l'état de la particule qui la transporte, et la particule intriquée du destinataire sera également modifiée instantanément. Fin de la communication.

J'ai compris. Aucun pirate ne peut plus cacher ses méfaits.

Exactement. Nous y sommes. Comme on l'a déjà dit trois fois : inviolabilité virtuellement absolue des communications. En tout cas hors de portée pour de longues années de hackers boutonneux, qui peuvent toujours s'accrocher pour trouver une faille dans la mécanique quantique.

On en vient au "pourquoi c'est important", le suppose?

Tu supposes bien, lecteur. Ce qui est important dans l'histoire, c'est la prouesse technologique. Aux US et en Europe, on réalise ce genre de truc en labo depuis à peine quinze ans et c'est chaud bouillant. Alors faire ça grandeur nature dans l'espace, via satellite relié pas laser à deux stations terrestres, ça démontre une maîtrise technologique balèze. Et en d'autres termes, une avance chinoise considérable en matière de sécurisation de l'information. Or quand on sait que les Allemands on perdu la seconde guerre mondiale lorsque les Alliés (et le mathématicien Alan Turing) ont réussi à décoder les communications chiffrées servant à coordonner les attaques des sous marins de la Kriegsmarine, on mesure la portée d'une telle news.

Merci Delanews!

De rien, lecteur. Telle est notre sempiternel sacerdoce de l'info.

vendredi 2 septembre 2016

L'Arabie saoudite et le 11 septembre

Cet été, l'administration US a déclassifié partiellement 28 pages d'un rapport du Rapport sur le 11 Septembre de 2001 de la Commission du Renseignement du Congrès, qui passe au crible le rôle de l'Arabie Saoudite dans les attentats du 11 septembre.



Sans être complotiste, on imaginait bien qu'il devait y avoir une part d'ombre autour du 11 septembre. La pression autour du rôle de l'Arabie saoudite montait depuis quelques temps, Washington ayant même rendu public pour la première fois en 2016 le montant de la dette US détenue par Riyad. Elle serait de "seulement" 117 milliards de dollars, donc bien inférieure aux spéculations. Rien ne s'opposait donc plus côté US à un déclassement redouté par Riyad. De quoi, en tout cas, imposer à la rédaction de Delanews la reprise de son sacerdoce qu'est sa mission d'information, après plus d'un an de bulle au soleil. Et tout ça pour quoi? Seulement pour tes beaux yeux, lecteur !!

Mais, Delanews, on s'en foutrait pas un peu de ce rapport?

Ben non, justement. D'abord, lecteur, tu peux le télécharger ici, merci Olivier Berruyer. Mais si t'as la flemme de te taper la prose des parlementaires US, Delanews a travaillé pour toi. On y apprend des trucs intéressants sur le financement des attentats et sur le rôle trouble joué dans cette affaire par des Saoudiens, dont "deux au mois étaient réputés appartenir aux services secrets saoudiens"

Mince alors, pourquoi ça ne fait pas les gros titres?

Tu soulèves la une interrogation à laquelle le document déclassifié ne répond pas, lecteur. En tout cas, la presse en a parlé. Le rapport étant prudemment rédigé au conditionnel, certains journalistes ont décidé que c'était un la preuve de la non implication de Riyad dans les attentats. Ce que met en évidence l'article de les-crises.fr.

Bon, mais c'est de la balle ou pas, ce rapport?

Ah, lecteur, tu connais notre amour de la news authentique, de la révélation, du scoop, devenu rare en ces années de plomb. Or l'honnêteté journalistique nous pousse écrire que oui, pour nous, c'est de la balle. Juges en par toi même.

On est impatients !!

Petits complotistes que vous êtes. Le rapport détaille prudemment et au conditionnel trois grands axes, que nous tentons ici de traduire ici au plus près du texte :

  • Des pirates de l’air du 11 septembre étaient en contact et recevaient de l’aide de personnes qui « pourraient être » en relation avec le gouvernement saoudien.
  • En possession de cette information, le FBI et la CIA « n’ont pas tenter d’enquêter sur ce sujet ni même essayé d’en mesurer la portée ».
  • Le FBI et la CIA n’ont commencé à enquêter sur les activités de Riyad qu’après le 11 septembre, ce qui est considéré comme « une grosse faille dans la politique de renseignement US » par les auteurs du rapport.
Bon ben oui, mais avec du conditionnel comme ça, on comprend pourquoi la presse US et notre Monde national en on fait un non événement.

Sauf que le rapport est extrêmement précis. Il s'intéresse notamment aux activité de deux types pour le moins louches et fortement suspectés d'appartenir aux services secrets saoudiens. Et ce n'est pas nous qui le disons, mais le FBI... On y détaille d'abord les agissements d'Omar Al-Bayouni, un personnage trouble ancien spécialiste de l’aviation civile établi à San Diego, recommandé par l’ambassade saoudienne aux EU et rémunéré par le ministère de la Défense saoudien. Un monsieur sympathique et dévoué, qui n'hésite pas - selon le rapport - à apporter son aide à certains pirates. Il travaille en étroite relation avec son ami Osama Basnan, dont la femme reçoit un salaire d’une princesse saoudienne qui n'est autre que la femme du Prince Bandar, qui passe pour l'artisan occulte de la création de l'Etat Islamique. Or ce Bassan est lui même en contact avec des personnes également liées avec les pirates de l’air. En outre, il occupe un appartement en face de celui de deux pirates de l’air. L’un de ses amis pilote de ligne a reconnu avoir participé à la formation de deux pirates de l’air.


Waow!! on dirait un film.

Sauf que dans la vraie vie, y'a pas de Bruce Willis. L'ensemble des faits rapportés, même si ils sont au conditionnel, proviennent de rapports officiels, pas de sites conspirationistes. Le document s’intéresse ensuite aux financements massifs de plusieurs millions de dollars reçus à l’époque par Oussama Bin Laden, en arguant que ceux ci transitent parfois par des fondations liées au régime de Riyad, comme la Fondation Islamique al-Haramain.

Ben c'est gratiné ça! Mais au final, y'a des conséquences?

Oui et non. On notera au passage la candeur époustouflante d’un représentant anonyme de la CIA ou du FBI, témoignant devant le Congrès sur le financement de certains pirates par des institutions proches du régime saoudien, qui déclare en toute ingénuité : « est ce que les gens qui effectuent de tels versements savent a quoi est utilisé l’argent par la suite? »

N'empêche, il est certain que Riyad ne voulait pas voir ces pages se balader sur le Net. Or elles y sont, preuve d'un renversement d'alliance évident entre Washington et Riyad, au profit de l'Iran.


Et vous, à Delanews, vous n'avez pas peur?

Peur de quoi? D'être enlevés et détenus dans une cave par la branche d'Aubervilliers de Daesh? Peut être, oui, mais finalement nous ici, on n'a pas d'avions ni d'armes à vendre aux Saoudiens, donc on y va à fond. Enfin, il y a beaucoup plus dans le document déclassifié, dont nous ne donnons ici qu'un avant goût.