samedi 25 octobre 2014

Lokheed Martin explose la presse !

Son annonce a fait l'effet d'une bombe... thermonucléaire. Le fabriquant d'armes US Lokheed Martin dit pouvoir livrer d'ici dix ans un réacteur à fusion de 100 Mw de petite taille transportable en camion.



Tout est donc dans le chapo. A part peu être la date de l'annonce : le 15 octobre dernier. La firme s'est fendue d'un communiqué de presse pour commenter un article d'Aviation Week indiquant avoir eu vent du projet lors d'une visite des labos secrets de Lokheed Martin.

Hééé, moi aussi je peux visiter le labo secret?

Ne rève pas, lecteur. Aviation Week a du profiter des journées du patrimoine, sans doute.

OK, mais en quoi est ce une bombe alors?

Ben parce que comme tout le monde le sait, l'Homme est en train de brûler les dernières réserves planétaires d'énergies fossile pour pouvoir conduire des mouflets à l'école et acheter du pain. Donc il y fort à parier que les prochaines décénies seront loin de ressembler à une publicité des années 50 pour Cadillac ou Chevrolet. C'est là que la fusion thermonucléaire intervient.

Ah, comment?

Lecteur, tu vis depuis trop longtemps en étant persuadé qu'il suffit d'appuyer sur un interrupteur pour éclairer ton salon et tourner un thermostat pour chauffer ta maison. L'énergie est bon marché parce qu'elle est virtuellement gratuite mais plus pour longtemps. Sauf si...

Sauf si?

Sauf si on arrive à faire fusionner des atomes légers, des isotopes de l'hydrogène comme le deuterium et le tritium par exemple. Ils se combinent en atomes d'hélium en dégageant au passage une énorme énergie.Problème, il faut au préalable transformer le deuterium et le tritium en plasma en le chauffant à environ 150 millions de degrés. Ceci implique une grosse dépense d'énergie et à ce jour aucun matériau n'est assez résistant pour confiner le plasma. Deux solutions, soit le maintenir en suspension dans un champ magnétique, et c'est un tokamak, soit par confinement inertiel via un tir au laser provoquant une réaction de fusion très brève.

C'est cool!

Cool, ce n'est peut être pas le terme. Outre le fait que les réactions sont très chaudes, elles sont également très brèves. Le tokamak Tore Supra, détient le record mondial de 6 minutes 30 avec un bilan énergétique nul et en 2014, un réacteur américain a confinement a produit plus d'énergie qu'il n'en a consommé. Oui, mais pendant 150 picosecondes.

Et Lokheed Martin, il sait faire mieux ?

Je ne pense pas, mais tu pourras peut être le vérifier aux prochaines journées du patrimoine. En tout cas, la communauté scientifique mondiale est extrêmement circonspecte. Des calculs rapides montrent que même si le dispositif était effectif, il faudrait une enceinte de confinement magnétique d'au moins un mètre d'épaisseur autour du réacteur, hors d'échelle d'un camion.

Alors c'est quoi tout ce raffût?

On peut dire que c'est une bombe médiatique. Le "rêve de l'énergie de fusion qui redécolle" pour le Figaro, Lokheed Martin "proche du graal" pour l'Usine nouvelle, un "réacteur de poche" pour les Echos, réussir avant Iter pour Futura Sciences, un réacteur nucléaire compact pour 20 minutes. Comme quoi, plus c'est gros, plus ca passe. Chez DeLaNews, nous n'avons certes pas doctorat en physique nucléaire, mais nous avons au moins un vernis de culture général et nous savons que même le projet international Iter de 16 milliards d'euros visant à produire 500Mw pendant 6'40" et 250Mw pendant 3000 secondes nécessite des installations industrielles s'étendant sur 180 Ha.

Voilà la presse dévastée par la bombe médiatique de Lockheed Martin. Pourtant, même en l'absence de compétences scientifiques, subsiste un détail susceptible de mettre la puce à l'oreille :  la société américaine avait effectué exactement la même annonce en février 2013, passée relativement inaperçue à l'époque.




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